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Police par Hugo Boris

Encore un roman de la rentrée littéraire 2016 et certainement l'un des derniers que je lirais, la prochaine rentrée approchant à grands pas... 
Police, c'est un roman dont j'avais beaucoup entendu parler à sa sortie sur les blogs et j'avais envie de me faire mon avis. Bilan : une lecture agréable mais...



Août 2016
198 pages
17,50 € / 12,99 € ebook
ISBN 9782246861447


Résumé de l'éditeur
Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme. Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer. En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?


Hugo Boris nous fait découvrir trois policiers sous un jour différent : sous l'uniforme se cache des êtres humains avec leurs sensibilités, leurs failles. Tout en délicatesse, il aborde un problème qui semble insoluble : comment mettre de côté son esprit critique et ses principes pour obéir aux ordres de la hiérarchie ? C'est aussi une police valorisée qui est montrée, grâce à la comparaison avec d'autres instances de sécurité.


Aux yeux des Français, la police est tracassière, provocatrice, basse du front, fainéante, alcoolique. Aux yeux de ce Tadjik, elle est forcément tortionnaire et assassine.

J'ai été étonnée par le style de l'auteur, je ne m'attendais pas à grand chose lorsque j'ai ouvert ce livre. Les critiques que j'en avais lu m'avait donnée l'idée d'un livre qui ne creusait pas assez son sujet, mais je n'avais retenu aucun commentaire sur le style. Pourtant, l'écriture de Hugo Boris mérite d'être remarquée : c'est avec plaisir que j'ai lu un auteur qui sait manier sa langue, qui sait jouer avec les mots mais aussi faire preuve de simplicité lorsqu'il le faut. Le texte se lit dans le tempo de son déroulement : lenteur parfois, frénésie ailleurs, temps comme figé plus loin. 


Les mots ne sont plus que des cadavres de sons, des signifiants dégagés de leur signification. Ils débriefent, ils checkent, voilà, en fait, c'est énorme, c'est la double peine, ils gèrent, c'est bon ça, ils sont opé, en mode boulot, ils sont preneurs, ou pas, point barre, j'ai envie de dire, grave, ça le fait, ça coûte un bras, un œil, le prix d'un rein, faut faire du bruit surtout, jointoyer les silences avec des mots fourre-tout, des mots béquilles, combler les interstices pour créer un fond sonore où rien ne se dit.

L'action ne dure que le temps d'une soirée, mais une soirée tellement chargée en émotions et en non-dits qu'elle en devient longue. Le temps s'allonge, s'accélère brusquement, au gré des hésitations des policiers : faut-il suivre leurs instincts et leurs valeurs ou bien les ordres et les procédures ? Cette soirée semble vouée aux tiraillements, qu'ils soient personnels ou professionnels. Parmi ces trois flics, il y a une femme au cheveux tirés en un chignon strict. Femme mariée mais enceinte de son collègue, elle est en plein traitement pour un avortement prévu le lendemain. Il y a évidemment le père de cet enfant, un gamin qui n'a pas grandit et dont l'humour peut être plus bas que terre. Un personnage, à mon avis, sans consistance ni intérêt. Le dernier représentant des forces de l'ordre est un flic plus aguerri, avec ses démons et ses tourments. Des trois, c'est peut-être celui qui m'a le plus touchée. 

En fait, seul le quatrième passager de la voiture de police n'est pas développé : l'homme qu'on expulse du territoire français. Dans ce roman, il n'a pas le droit à la parole. Son parcours, c'est un dossier qui nous l'apprend - et encore, ce sont des bribes d'informations que l'on nous donne. Et c'est par ça que l'auteur le définit : son absence de discours. Pas parce qu'il ne veut pas parler, mais parce que personne ne l'écoute. Subtilement, l'auteur pointe du doigt l'attitude de la société française face à la migration. C'est une France qui n'écoute pas, qui fait la sourde oreille. Une France qui ne daigne pas fournir un traducteur parlant la langue du demandeur d'asile. Par manque de volonté ? Ou par manque de moyen ? Ça, l'auteur ne nous le dit pas. En tout cas, c'est une France qui refuse de croire à ce qu'elle a compris du maigre discours de l'homme. Avec raison ou pas ? Là encore, l'auteur ne nous le dit pas. Et c'est cette absence de réponse qui est intéressante, puisque cela permet de s'intéresser au doute qui s'empare des policiers.

Autant je comprends que l'auteur ne mette pas en valeur l'étranger, autant je trouve dommage que les trois policiers soient finalement traités assez superficiellement. C'est le seul bé mol que j'ai trouvé à ce livre.


A lire pour réfléchir à notre système policier
mais surtout aux hommes qui se trouvent sous l'uniforme




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