Il était une ville par Thomas B. Reverdy
Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Détroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c'est arrivé. C'est dans cette ville menacée de faillite qu'Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile.
Décor d'apocalypses pour une fin du monde des plus modernes. Quand la crise économique change le paysage d'une ville, cela donne le décor de Thomas B. Reverdy. Auteur des Évaporés en 2013, il reçoit pour ce dernier roman le prix des libraires 2016.
Fin d'une époque et d'un monde basé sur l'emprunt, rues vidées de ses habitants, quartiers résidentiels se transformant en ville fantôme, voilà le cadre de Il était une ville. Un titre au passé, car rien, ou si peu, ne reste dans à Détroit en 2008. C'est le temps de la chute des banques, de la crise économique et immobilière. Le rêve américain est loin, il est temps maintenant du cauchemar américain.
Étrange poésie que celle de Thomas B. Reverdy pour décrire cette ambiance. Pas de misérabilisme ou de pathétisme dans ce livre, mais de très belles scènes dans la neige et le froid, dans une ville désertique ou presque. Des lignes pures, un style puissant mais doux, voilà les armes de l'auteur pour décrire une situation infernale.
Sur fond d'enquête - la recherche de dizaines d'enfants et d'adolescents disparus - l'auteur dresse le portrait de plusieurs habitants de Détroit : un français envoyé par l'Entreprise pour mener un projet promis à la ruine, une barman qui survit comme elle peut, une grand-mère qui n'a que son petit-fils, lequel fugue pour vivre dans une école désaffectée avec d'autres gamins. Une galerie de personnages qui émeut, effigie du XXIème siècle.
Il se mit à neiger. Tout doucement. Des flocons légers, hésitants, qui planaient plus qu'ils ne tombaient, c'étaient des flocons espiègles, dansants, ils virevoltaient dans le moindre souffle et reprenaient même parfois de la hauteur, glissant dans l'air et tournoyant dans les projecteurs comme des insectes éblouis, scintillant un instant avant de disparaître.
Sur fond d'enquête - la recherche de dizaines d'enfants et d'adolescents disparus - l'auteur dresse le portrait de plusieurs habitants de Détroit : un français envoyé par l'Entreprise pour mener un projet promis à la ruine, une barman qui survit comme elle peut, une grand-mère qui n'a que son petit-fils, lequel fugue pour vivre dans une école désaffectée avec d'autres gamins. Une galerie de personnages qui émeut, effigie du XXIème siècle.
Ici, on achète tout à crédit, quand tu veux prendre un prêt à la banque ils regardent d'abord si tu honores toutes les cartes de crédit que tu as déjà. Là-bas [en France], c'est le contraire, si tu as trop de crédits c'est que tu n'as pas assez d'argent, on refuse de te prêter davantage.
Mais finalement, c'est la ville le personnage principal. Tellement présente, incontournable. C'est elle qui dicte la vie des hommes et non plus l'inverse. L'agonie de ses habitants entraîne celle de la ville, avec un minuscule espoir d'un mieux à la fin, auquel on ose à peine croire.
A lire pour plonger dans le reflet de notre société moderne, pour un style incroyable.
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