En Vie par David Wagner
Traduit de l'allemand par les éditions Piranha - une maison que je découvre avec ce titre -, ce roman médical m'intriguait beaucoup, avec cette couverture curieuse et inhabituelle. Elle interpelle et on ne peut pas passez à côté.
En Vie est le récit de l'attente d'une transplantation. Peut-être connaissez-vous le livre de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, un véritable coup de cœur pour moi ? Là, il s'agissait du récit du don d'organe, du choix difficile de la famille. Le rythme était rapide, à l'image du peu de temps laissé pour ce choix crucial. Au contraire, En vie, c'est l'attente, le temps qui ne passe pas, l'ennui. Un livre sensible et touchant.
En Vie est le récit de l'attente d'une transplantation. Peut-être connaissez-vous le livre de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, un véritable coup de cœur pour moi ? Là, il s'agissait du récit du don d'organe, du choix difficile de la famille. Le rythme était rapide, à l'image du peu de temps laissé pour ce choix crucial. Au contraire, En vie, c'est l'attente, le temps qui ne passe pas, l'ennui. Un livre sensible et touchant.
Août 2016
240 pages
18 € / 12,99 € ebook
ISBN 9782371190467
Résumé de l'éditeur
En vie est le roman d'une greffe. Le récit des jours et des nuits, qui se transforment en mois puis en saisons, passés dans des chambres d'hôpital par un homme qui attend un foie. Allongé sur son lit, ce vaisseau spatial blanc grâce auquel il voyage à travers ses souvenirs et ses rêves, il assiste au défilé ininterrompu des patients avec qui il partage son quotidien, leurs histoires et leurs confessions. Ses pensées le ramènent constamment à des questions universelles et intimes : la vie vaut-elle la peine ? quel en est le sens ? qui est mort pour qu'il puisse vivre ? l'amour peut-il aider à surmonter la maladie ?
Ce roman est donc celui du receveur, qui dans l'attente et dans la convalescence, nous donne à voir son quotidien. Le rythme est lent, mesuré, et la présentation singulière : chaque paragraphe est en effet numéroté. Ce sont comme des pensées et des réflexions prises sur le vif. On trouve aussi, originalité, des bilans de santé, avec son langage aseptisé et obscur. Et puis, venus tout droit de l'imagination du personnage, des obsèques sur le mode poétique, des morts tout droit venus des faits divers mais en vers libres. Poésie morbide qui fait son effet :
Sans famille
Un homme de 44 ans qui s'était endormi en rentrant du travail
après avoir mis son repas à cuire
sur la gazinière
est mort asphyxié
mardi
à Stinheim (Rhénanie du Nord-Westphalie)
portes et fenêtres étaient fermées.
Le malade se raconte, raconte son quotidien et l'attente qui semble sans fin. La première personne, le je, est partout. Une extrême subjectivité et sensibilité se dégagent de l'écriture. Tous les jours ne sont pas faciles, entre la fatigue et l'ennui : plusieurs fois, il nous fait part de son désir de mourir. Mais, d'un autre côté, la vie est belle et faite de plaisirs simples, comme ce café du matin qui suffit à le ravir.
Le ton est ironique parfois, triste souvent, onirique et poétique toujours. Humoristique parce que le personnage a parfois des références, des réactions en décalage avec ce que l'on pourrait attendre, comme lors de ce repas des plus communs à l'hôpital, où il attend pourtant "tout autre chose, une grosse surprise. Une fleur. Un livre. Un doigt coupé, un cœur tout frais." Triste parce qu'il ne peut rien faire sinon attendre, attendre jusqu'à ne même plus savoir ce qu'il attend, avec toutes les idées noires qui vont avec. Et puis rêveur parce qu'il n'a plus que son imagination pour voyager, s'évader vers un ailleurs. La poésie domine alors et nous livre de belles phrases.
"J'ai largué les amarres, je vogue sur mon radeau, je suis moi-même mon île, je vais à la dérive sur mon océan, loin vers l'archipel Quelque-Part, en croisière sur les eaux bleues du Moi et de cet hôpital"
J'ai beaucoup aimé ce livre et j'ai rarement souligné autant de passages. Malgré quelques longueurs, l'écriture poétique et mélancolique (très bien rendue par la traduction je pense) nous emporte vers des réflexions sur la transplantation, la maladie et la vie en général. Il imagine qui était celui ou celle qui lui a donné ce foie, il ressent sa présence. Son corps, souvent, est livré aux médecins, il est comme dépossédé, n'a plus d'intimité. Cela ne l'empêche pas d'avoir une certaine tendresse pour ce corps malade, ce foie qu'il appelle par un mot doux, "mon cachalot blanc".
Un livre qui fait réfléchir, poétique et sensible. Je recommande vivement !
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