Là où les tigres sont chez eux par J.M Blas de Roblès
Je continue ma découverte des éditions Zulma avec un loooong texte, qui m'a occupée plus d'une semaine : Là où les tigres sont chez eux. Et j'ai découvert que, même si le roman en question est un coup de cœur, je déteste que ma lecture traîne autant... J'ai besoin de changement, de découvrir un nouveau style, une nouvelle histoire, alors les romans longs vont certainement être moins courant par la suite. Autant dire que Je suis Pilgrim et ses neuf cents pages et quelques vont sagement attendre son tour dans mal PAL.
Mais parlons plutôt de cette dernière lecture, prix Médicis 2008. La présentation de l'éditeur compare ce roman à l'oeuvre d'Italo Calvino, de Borgès ou encore celle de Cortazar : il faut dire que sa construction n'est pas des plus simples...
Mais parlons plutôt de cette dernière lecture, prix Médicis 2008. La présentation de l'éditeur compare ce roman à l'oeuvre d'Italo Calvino, de Borgès ou encore celle de Cortazar : il faut dire que sa construction n'est pas des plus simples...
Août 2008
784 pages
ISBN 9-782-84304-457-1
24,90 €
Des personnages éclectiques
Au pays des tigres, le Brésil, se croisent des êtres paumés, déchirés. Il y a la jeune étudiante, droguée et insouciante, fille d'une archéologue partie en exploration dans la jungle. Il y a le fils du gouverneur sans scrupule, lui-même marié avec une femme richissime mais alcoolique. Et puis il y a un jeune professeur, des indiens qui n'ont jamais rencontrés la société occidentale, une femme dont la vie est en sursis, un journaliste, etc. Le tout sous l'égide d'un prêtre jésuite du XVIIème siècle, savant infatigable, dont un extrait de la biographie ouvre chaque chapitre.
Au début, une impression que cela part dans tous les sens. Et puis, peu à peu, un sens se construit, des histoires se dessinent, chacune avec leurs propres tons, leurs propres personnalités. La sensation de lire plusieurs romans en un seul n'est jamais loin. Mais tout se mêle et se démêle avec minutie, il suffit au lecteur de se laisser porter par ces récits qui s'entrecoupent.
Un style qui se réinvente
Ce que je trouve formidable, c'est que pour chaque personnage, le style de l'auteur s'adapte. Pour la biographie du prêtre, écrite par son disciple, le ton est explicatif mais surtout admiratif, au point qu'un simple homme prend des airs de sainteté. Quand il s'agit de ce jeune homme des favelas qui économise patiemment pour s'acheter le fauteuil roulant de ses rêves, l'écriture devient soudain plus simple, à l'image de ce personnage qui n'a pas eu d'éducation. Style plus poétique pour l'archéologue, désabusé et ironique pour le journaliste...
Le Brésil vit et palpite sous la plume de Roblès. Beauté des paysages, pratiques mystiques des brésiliens ou pauvreté des favelas, rien de tout cela ne peut être lu dans l'indifférence.
Une flore inhabituelle prospérait autour d'eux, un véritable jardin botanique peuplé d'un nombre considérable de d'insectes et d'animaux singuliers. Champignons écarlates, grenouilles bariolées comme des poissons d'aquarium, fougères arborescentes dont les crosses d'évêques se déroulaient agressivement au-dessus de leur tête...
Là où les tigres sont chez eux est un roman cathédrale pour lequel j'ai eu un véritable coup de cœur. Certains épisodes, très visuels, sont de ceux qui restent en mémoire. Mon voyage au pays de Zulma continue à me charmer...
Lu en avril. Magniifque, oui.
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