Crépuscule et tourment de Léonora Miano
Ça y est, je m'attaque à cette rentrée littéraire et comme d'habitude ce n'est pas le choix qui manque. Des dizaines de romans me font de l’œil et ma PAL s'est encore remplie... C'est en tout cas avec Crépuscule et tourment, la dernière parution de Léonora Miano, que j'ai commencé la découverte du millésime automne 2016. Parce que, vraiment, comment peut-on résister à une couverture aussi sensuelle ?
Août 2016
288 pages
19 €
ISBN
9782246854142
J'avais découvert Léonora Miano avec De l'intérieur de la nuit, qui m'avait transportée en Afrique avec douceur et poésie. Même effet pour ce nouveau livre, où les voix des femmes portent ce récit, avec pudeur parfois, sans concession surtout.
Quatre paroles féminines donc, quatre je face à un tu à qui jamais n'est donné la parole : un tu masculin. Chacune règle ses comptes avec cet homme - fils, frère, ex ou fiancée. Chacune avoue ses faiblesses et confie une réalité jusque là restée voilée. A travers leurs paroles, on découvre un homme contradictoire, qui méprise le statut privilégié de sa famille mais profite allègrement de son argent. Un homme qui ne veut pas transmettre ses gènes et forme "un couple qui ne s'accouple pas".
Quatre voix différentes, quatre tons pour dire la vérité de chacune. Pour la mère, un ton froid mais néanmoins aimant - phrases courtes et concises. Pour l'ancienne amoureuse, un style clairvoyant et lucide - phrases désabusées. Pour la fiancée, une expression ironique et moqueuse - phrases longues à la Proust. Pour la sœur enfin, une parole impertinente et fraîche - "On te cherche, Big Bro, tu t’en doutes".
Tristes monologues, dont on ne sait pas s'ils seront un jour entendu par celui à qui ils sont destinés. Mais le lecteur, lui, les entends et entre dans l'intimité de ces femmes, de ce pays. Car tout est lié, histoire personnelle et culture ancestrale. Les coutumes, le pays, forment un personnage à par entière, tellement leur place est importante. Colonialisme, racisme, pratiques occultes, tous ces thèmes et bien d'autres se confondent pour recréer l'image d'un pays qui ne laisse pas indifférent.
A lire pour sa poésie, pour des récits de femmes véridiques et sincères et enfin pour des convictions assumées !
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