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Un goût de rouille et d'os par Craig Davidson

En parlant de De rouille et d'os, sûrement connaissez-vous le film de Jacques Audiard, avec Marion Cotillard ? Mais connaissez-vous le recueil dont il est tiré ? Voilà huit nouvelles dures et éprouvantes, dans un style ciselé qui ne laisse pas de repos.


Mai 2012
304 pages
19,50 €
ISBN 9782226242921

Résumé de l'éditeur
Dans la lignée d’écrivains comme Chuck Palahniuk et Thom Jones, Craig Davidson aime prendre des risques. A la dureté de son univers, il allie l’émotion et la compassion qu’il manifeste envers ses personnages dont il sonde les corps, les âmes et les cœurs avec une redoutable efficacité. Son écriture, viscérale et percutante, s’empare littéralement du lecteur pour ne plus le lâcher.
Bret Easton Ellis : "Ces formidables nouvelles sont les meilleures que j’ai lues depuis bien longtemps. Il y a là matière à une douzaine de romans… Croyez-moi, vous n’avez jamais rien lu de tel."

« Il y a vingt-sept os dans la main humaine… » Première phrase du recueil de nouvelles de Craig Davidson et le ton est donné. Corps fragiles, mortels et en proie à la violence, voilà les corps qui sont au cœur de ces textes. On découvre au fil de la lecture des personnages torturés, angoissés, pétris par la vie et les expériences malheureuses. La culpabilité et la violence sont très présentes dans ce livre, elles s'entremêlent, l'une conduisant à l'autre - et inversement - mais ne fournissant aucune catharsis pour les personnages, ne les soulageant pas de la douleur, bien au contraire. C'est un ensemble très sombre et pessimiste que nous propose C. Davidson avec des boxeurs dévastés par la culpabilité, des dresseurs qui ont un rapport violent avec leurs animaux, des relations d'incompréhension entre parents et enfants.

L'animosité, la brutalité bouillonnent dans ces nouvelles : la violence des corps s'exprime dans une écriture très visuelle. Chocs des coups, impact des muscles qui s'affrontent, os qui craquent : impossible de rester indifférent face à cette animalité, servie par un style des plus réaliste.



Je feinte et je tente de me dégager, mais il me marche sur le pied et me frappe d'un droit asséné par-dessus l'épaule. Les lèvres s'écrasent contre les dents, la bouche s'emplit d'un goût de rouille et d'os. L'air se met à miroiter, des éclats de lumière filigranée pleuvent comme de petits bouts de papier alu brillants dans une parade.

Violence des corps, mais aussi violence de la société et du hasard. Pourquoi la glace s'est-elle rompue sous les pieds de ce gamin ? Pourquoi cette orque a-t-elle arrachée la jambe de son dresseur ? Des questions sans réponse, avec lesquelles il faut vivre. Une galerie de personnages tourbillonne dans un univers sombre, des clins d’œil sont même fait entre les nouvelles : le héros de l'une sera brièvement mentionné dans une autre. Jeu littéraire qui transporte le lecteur d'une histoire à une autre.

Malgré tout, certains personnages savent rester tendres et candides, comme ce chômeur à qui il ne reste que sa caravane et ses animaux.  Philosophe, il s'accommode comme il peut de sa situation. De sanguinaire, brusque et fiévreuse l'écriture sait devenir plus douce. 

Des feuilles glissaient sur la chaussée, poussées par un vent tourbillonnant. Elle regarda fixement le ciel, chaque étoile était comme une petite tête d'épingle lumineuse, chacune produisant une clarté précise. Le passé n'est que le début d'un début, et tout ce qui est et qui a été n'est que le crépuscule de l'aube. 


Alors, ce qui réunit ces nouvelles, c'est moins un thème qu'une vision pessimiste et violente de la vie. Comme si, même en se débattant comme l'on peut, on était condamné d'avance face au tragique de l'existence. Des nouvelles qui donnent des frissons, voilà les nouvelles de Craig Davidson. 


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