La petite femelle, Philippe Djaenada
Même si, je l'avoue, je n'arrive pas à prononcer le nom de l'auteur correctement, j'ai beaucoup apprécié son livre. Au premier abord, c'est la couverture qui a attiré mon attention : cette femme au regard dérobé, à l'attitude fermée et repliée sur elle-même, que peut-elle bien cacher ? Entre enquête et roman, voici un livre que je peine à définir mais dont les sept cents pages et quelques m'ont tenue prisonnière...
Enquête?
Pauline Dubuisson, puisqu'il s'agit d'elle, a été condamnée aux travaux forcées à perpétuité pour le meurtre avec préméditation de son ancien compagnon dans les années soixante. P. Djeanada se charge de rétablir la vérité des faits, à travers un travail impressionnant de recherches; les remerciements et la liste bibliographique en fin d'ouvrage prouvent l'ampleur du travail de fourmi qui a été mené. Aucune précision ne semble nous être épargnée, chaque détail appris au cours du travail d'enquête nous ait fourni. Un véritable travail de journaliste ou de détective. Mais l'effet n'est pas oppressant, cela grâce à l'implication constante de l'auteur dans son récit.
Roman?
Même si ce sont les archives qui ont donné la matière de ce livre, des zones d'ombres persistent quant à la vie de Pauline Dubuisson et l'auteur a bien été obligé de broder. Mais - et c'est à mettre à son crédit - à chaque fois qu'il comble les trous, voire même quand il change simplement un nom, il mentionne son intervention. Le je de Philippe Djeanada est donc très présent. Il parle librement, dans un style très oral : on a l'impression que ce narrateur est à côté de nous et murmure dans nos oreilles... A force de recherches, l'auteur finit par éprouver de l'affection pour son sujet d'étude. Sa vie personnelle n'est pas en reste : son fils et surtout sa femme sont très présents. Son intimité, presque autant que celle de Pauline Dubuisson, se dévoile. On peut lire, par exemple, des grandes parenthèses sur son amie Lucette au bar ou bien sur le fait que le mot saucisse apparaisse systématiquement dans ses œuvres... Un je, donc, qui fait du bien dans le récit d'une vie tragique et rythme la lecture. Un humour sarcastique et des comparaisons décalées se glissent constamment dans un compte-rendu d'enquête qui pourrait, sans cela, être froid et clinique. J'ai, pour le plaisir, relevé plusieurs expressions...
Une "puissante logique d'un rideau de douche"La seule chose sur laquelle il ne lève pas le voile, finalement, c'est la raison pour laquelle il décide d'enquêter sur cette femme...
"Mais Pauline en wonder-woman, Pauline, elle, en moins de dix secondes elle te construit une maquette de la tour Eiffel en allumettes."
"Question physique et tonicité, je suis à Félix ce que le sèche-linge est au jaguar"
Août 2015
720 pages
23,00 €
ISBN : 2-260-02133-6
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