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"Oh..." Par Philippe Djian

Festival de Cannes oblige, on parle beaucoup cinéma dans l'actualité. Alors quand je suis tombée sur la présentation du film Elle, réalisé par Paul Verhoeven, non seulement j'ai eu envie de le voir mais aussi de lire le roman. Parce que oui, il s'agit d'une adaptation, celle de "Oh...", prix interallié 2012.




«Décembre est un mois où les hommes se saoulent – tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s'enfuient, gémissent, meurent...»
"Oh..." raconte trente jours d'une vie sans répit, où les souvenirs, le sexe et la mort se court-circuitent à tout instant.

Le roman de Philippe Djian est court et se lit vite, mais cela ne l'empêche pas d'être très riche. C'est sous la forme d'un journal que le livre se présente et de ce genre découle plusieurs choix d'écriture.
Dès l'entrée en matière, le lecteur n'est pas ménagé : les personnages sont posés là, sans introduction et on devine petit à petit le lien de chacun avec celle qui dis 'je'. Celle-ci ne se sent pas obligée d'expliquer qui est qui, comme si ces pages d'écriture n'étaient destinées à personne d'autre qu'elle-même, ce qui place un peu le lecteur dans une position de voyeur. De plus, la narratrice décrit les événements marquants de sa journée sans prendre la peine de vraiment les lier, ce qui donne la sensation de sauter du coq à l'âne. Mais les personnages étant peu nombreux et récurrents, une sorte d'unité se forme malgré tout.
Si la forme du journal pourrait donner lieu à un déluge de sentiments et d'états d'âme, ce n'est absolument pas le cas ici. Au contraire, ce sont les actions qui priment : j'ai l'impression que le livre n'est quasiment formé que de verbes d'action. C'est au point que la psychologie de cette femme est assez mystérieuse. Elle, qui se fait agresser à plusieurs reprises chez elle, éprouve finalement une attirance inexpliquée pour son attaquant. Mais si le lecteur a du mal à la comprendre, c'est avant tout parce qu'elle-même saisit mal ses sentiments. Le lecteur, de ce côté, est autant dans le flou qu'elle. Elle peine à assumer ce qu'elle ressent. La preuve en est que peu de personnes sont au courant de ces viols répétés. Lorsqu'elle découvre l'identité de son agresseur, elle ne cherche pas à obtenir justice. Entre fascination et répulsion, elle ne sait choisir, au point de consentir à ces rapports sexuels plus ou moins imposés.


C'est notre premier contact physique depuis que je l'ai démasqué, et j'en tire une sensation très étrange, très violente. Il me porte presque. Je suis assez fascinée.

J'ai hâte de voir le film, qui d'après la bande annonce, prends des libertés assez importantes avec le livre. Le personnage principal a l'air beaucoup plus dans la révolte vis-à-vis de son agresseur. On a l'air d'être beaucoup plus dans le thriller avec cette adaptation.
Sortie le 25 mai 2016.



C'est donc un livre dérangeant que je viens de finir, avec des rapports humains et des désirs beaucoup plus complexes que l'on pourrait s'imaginer. Ma seule déception est en fait la fin, qui m'a parut abrupte : une fin qui n'en est en fait pas vraiment une.


256 pages
Janvier 2014
ISBN  9782070456284
7,10 €




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