Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka
Résumé de l'éditeur
Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d’un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Chœur vibrant, leurs voix s’élèvent pour raconter l’exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l’humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l’oubli.
Des centaines de femmes japonaises quittent leur pays pour épouser un inconnu et refaire leurs vies en Amérique. On leur a promit un futur meilleurs, un mari aimant et attentif, elles se retrouvent face à des travailleurs, des fermiers, des ouvriers. On les a fait venir pour travailler.
Certaines n'avaient jamais vu la mer est un roman particulièrement original : on connait le roman choral où la parole est donnée à plusieurs personnages à tour de rôle, mais ici tous les personnages sont confondus en une seule voix. Tout un peuple réuni derrière la voix du narrateur, voilà ce que donne à lire Julie Otsuka. Toute l'histoire de ces femmes est racontée par une voix, un "nous" qui rend solidaires des femmes et des vies très différentes. Des bribes de vies sont ainsi mentionnées, les unes à la suite des autres, dans un effet de litanie.
Certaines des nôtres travaillaient comme cuisinières sur les campements ouvriers, d'autres faisaient la plonge, abîmant leurs mains délicates. Certaines avaient été emmenées dans des vallées reculées pour y tondre les montons. Peut-être nos maris avaient-ils loués huit hectares de terres à un dénommé Caldwell, qui en possédait des milliers en plein cœur de la vallée de San Joaquin, et chaque année nous devions lui remettre soixante pour cent de notre récolte.
Si ces accumulations sont déstabilisantes au premier abord, elles permettent de rendre compte de la polyphonie des voix. Sans y toucher, elles créent une vision à la fois globale et particulière sur le mirage du rêve américain. Habilement, cela décrit un moment de l'histoire méconnu d'un peuple qui passe inaperçu aux Etats-Unis et fini par être oublié dans les méandres de l'histoire et des mémoires.
A lire pour une narration originale
Septembre 2013
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