Le gang de la clef à molette de Edward Abbey
Résumé de l'éditeur
Révoltés de voir le somptueux désert de l’Ouest défiguré par les industriels, quatre insoumis décident d’entrer en lutte contre la “Machine”. Un vétéran du Vietnam accro à la bière et aux armes à feu, un chirurgien incendiaire entre deux âges, sa superbe maîtresse et un mormon nostalgique et polygame commencent à détruire ponts, routes et voies ferrées qui balafrent le désert. Armés de simples clefs à molette – et de quelques bâtons de dynamite –, ils doivent affronter les représentants de l’ordre et de la morale lancés à leur poursuite. Commence alors une longue traque dans le désert.
Sans doute avais-je trop d'attentes sur ce livre, m'attendant à découvrir un chef d'œuvre. J'avais entendu beaucoup de bien de ce roman, les critiques que j'ai pu lire ici et là vantaient un grand roman américain. Et puis, avec Gallmeister, on ne prend jamais de grand risque. Pourtant, cette fois-ci, j'étais bien contente de fermer mon livre...
Quatre hurluberlus décident de contrer les effets de l'industrie dans le désert de l'Ouest en détruisant sur leur passage ponts, trains et machines de travaux. Pas vraiment de motivations écologiques ou politiques derrière tout cela mais plutôt un simple plaisir de détruire, d'être des hors-la-loi. Retrouver la nature dans l'état d'avant l'intervention humaine ne les intéresse pas plus que ça, trop occupés qu'ils sont à boire des bières et à échapper à leurs poursuivants lors de courses poursuites dignes des films hollywoodiens. Je regrette donc ce manque d'enjeux : les motivations des personnages sont vaseuses et pas assez développées à mon goût. Ce sont surtout des personnages timbrés et grandes gueules, qui râlent contre les pollutions tout en n'hésitant pas à polluer eux-mêmes (les canettes de bières jetées par la fenêtre de la voiture sont nombreuses).
Les descriptions de l'Amérique profonde et du désert sont elles très nombreuses mais je n'ai pas réussi à me représenter les paysages, les couleurs du désert. Une succession de noms propres qui ne me disaient rien, qui n'évoquaient pas en moi de couleurs ni d'émotions. Les mots n'avaient pas de pouvoir de représentation, je ne voyais pas les paysages, je ne ressentais pas la chaleur ni la poussière du désert.
J'ai pourtant continué ma lecture, têtue et persuadée qu'il y avait malgré tout quelque chose dans ce roman : un ton, une écriture, un style particulier. Un rythme dans la phrase qui emporte, qui fait qu'on enchaîne les mots, comme dans cet extrait où le narrateur imagine l'être humain de retour à l'état de nature :
Quand les villes seront mortes, quand les nuisances auront disparu, lorsque les tournesols pousseront à travers le béton et à travers l'asphalte des autoroutes abandonnées. Quand le Kremlin et le Pentagone seront devenus des maisons de retraite pour généraux, présidents et autres empaillés, quand les gratte-ciels de Phoenix, Arizona, tombeaux d'aluminium et de verre, disparaîtront presque entièrement sous les dunes de sable, pourquoi alors, bon Dieu, des femmes et des hommes indomptés, chevauchant librement leurs montures, oui, des hommes libres et des femmes fières, ne parcourraient-ils pas en toute indépendance les champs d'armoise du pays des canyons, y regroupant les animaux sauvages pour dévorer à pleines dents leur viande saignante avant de danser toute la nuit au son des violons, banjos et guitares sous la lumière d'une nouvelle lune ?
J'ai finalement terminé ce livre,
mais essoufflée et soulagée de tourner la dernière page...
Editions Gallmeister
Octobre 2016
496 pages
12 €
ISBN 9782351786123
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