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Quand la nuit devient jour par Sophie Jomain

Je viens de finir ce court roman et je ressens le besoin d'écrire tout de suite ce billet, tellement il m'a remuée. Peu importe notre opinion quant à l'euthanasie, car c'est le thème de ce livre, tous ses lecteurs seront obligés d'y réfléchir.


Avril 2016
224 pages
16 €
ISBN 9782756419176

Résumé de l'éditeur
Camille, 27 ans, souhaite mourir par euthanasie volontaire assistée. Le combat qu'elle mène contre sa dépression est sans fin et ni Dieu, ni la science, ni la médecine, ni le sport, ni l'amitié ne l'ont aidée. Elle a rendez-vous dans une clinique belge pour exaucer son vœu. Pourtant, là-bas, elle fait une rencontre qui pourrait changer le cours des choses.

L'auteur mène son histoire peu à peu, sans se presser mais expliquant les raisons du recours de cette jeune femme à l'euthanasie. Peu à peu, on commence à comprendre sa douleur, sa difficulté à s'accepter, son sentiment de ne pas faire partie du monde, d'être coincée à l'extérieur. La dépression la fait souffrir, mentalement et physiquement, au point qu'elle ne souhaite plus qu'une chose : mourir, mais dans la dignité. La narratrice, le je, explique calmement son parcours, et on sent derrière cette voix une aura de paix, comme si le calvaire s'était soudain arrêté.


Je ne dois pas être épiée, observée, remarquée. Je ne dois pas être vue. Je ne dois pas exister. Pour personne. Personne ! Ces phrases, je me les répète des dizaines de fois, et pour que ça rentre, je me frappe le front contre le volant. Encore et encore, incapable de me contrôler et de gérer l'angoisse autrement que par la violence. 


C'est lorsqu'elle entre dans un centre médicalisé pour y passer tranquillement ses derniers jours que le roman prend vraiment toute son envergure. Le compte à rebours, explicite aux yeux du lecteur, s'étire, mais elle voit la fin s'approcher avec soulagement. On assiste à plusieurs reprises à des crises qui témoignent de la violence de sa dépression, mais peu à peu, le lecteur la sent plus calme, plus sereine-: serait-ce à cause de la date fatale qui approche ou bien à cause de ce beau docteur aux cheveux noirs épais ?

Si ce personnage du médecin psychiatre est nécessaire, certaines facilités permettent à l'auteur de mieux le mettre en lumière et on tombe vite dans le cliché. Face à son physique avantageux, sa pratique de la psychiatrie inhabituelle et son parcours cabossé, elle ne pouvait QUE tomber amoureuse, elle qui n'avait plus connu ce genre de sentiment depuis longtemps. Certes, tout cela est merveilleusement bien écrit, mais était-il nécessaire d'utiliser des ficelles aussi grosses ?

Cependant, j'oublie vite ce bémol, car jusqu'au dernier chapitre, on ne veut que la réussite de son parcours vers la quiétude. Je me suis attachée avec facilité à Camille, cet être constamment en malaise. Que ce soit dans la vie ou dans la mort, peu importe, en quelque sorte.




Durant les dernières heures de la vie de Camille, les rôles s'inversent et c'est le lecteur qui est mal à l'aise. Le point de vue change : celui qui dit je est ce fameux médecin. On ne sait donc plus ce qu'elle pense ou ressent. A-t-elle peur ? Est-elle soulagée ? A-t-elle des regrets ? Malgré tout, sa voix réussit à s'exprimer par le truchement d'une lettre, qui me laisse dans l'expectative. Pas de véritable fin à ce roman, au lecteur d'imaginer ce qui lui semble le plus probable ou ce qui lui plaît.

Une véritable réflexion sur un thème d'actualité, écrit avec force et sans pathos. Je le conseille vivement !

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