La soudaine apparition de Hope Arden par Claire North

L'été est là, ainsi que l'envie de s'évader dans une lecture facile et sans prise de tête. Mais ce n'est pas tout à fait ce qu'il s'est passé avec ce nouveau roman de Claire North, paru aux éditions Delpierre. En effet, il s'est révélé plus profond que ce qu'il laissait entendre...

Editions Delpierre

Juin 2016

560 pages

24 €

ISBN 978-2370720467

Résumé de l'éditeur 

Mon nom est Hope Arden. Je suis la fille que tout le monde oublie. Tout a commencé quand j'avais seize ans. Mon père qui omet de m'emmener au lycée. Ma mère qui met la table pour trois, pas quatre. Un ami qui me regarde et voit une étrangère. Qu'importe ce que je fais, ce que je dis, les crimes que je commets... vous ne vous souviendrez jamais de moi. Ca rend ma vie compliquée mais ça fait aussi de moi quelqu'un de dangereux.

Un soupçon de fantastique et d'anticipation...

Moi qui lit peu de fantastique - je trouve que cela manque souvent cruellement de crédibilité - j'ai été séduite par le postulat de départ : une héroïne qui ne s'imprime pas dans la mémoire des gens. Difficile alors de mener une vie normale : la solitude est sa compagne par défaut. On ressent la souffrance du personnage en creux, tellement il tente de se protéger. La jeune femme pourrait alors paraître froide et indifférente, mais c'est dans ses moments de faiblesses qu'elle laisse deviner ses sentiments. Elle revient régulièrement vers sa petite sœur, la seule à se souvenir de Hope parce qu'elle est handicapée.

Alors, pour pallier à cette absence de passé et de futur - impossible d'avoir un emploi, un logement ou une vie sociale lorsque l'on est presque invisible -, elle décide de se réfugier vers la connaissance et le savoir, un moyen de se rassurer et d'avoir quelque chose à auquel se raccrocher. La forme même du roman en est influencée : souvent, on peut lire des définitions ou des listes de synonymes. On trouve aussi des anecdotes historiques et culturelles. Des pauses dans le récit qui se justifient donc, mais qui interrompent le rythme du récit... Je me suis souvent surprise à lire en diagonal ces passages.

Une critique de la société

Mais cela va plus loin qu'un simple roman fantastique : l'auteur imagine un procédé scientifique capable d'influencer les pensées humaines et là intervient le thème de la manipulation - voire même du lavage de cerveau. Lorsque cette méthode est utilisée dans le cadre d'une application destinée à rendre les gens parfaits, selon des critères tout marketing, c'est un combat pour ce qui est juste et moral que décide de mener Hope.

Nous avons sacrifié la pensée. [...] Nous vivons dans un pays de libertés, mais les seules libertés dont nous jouissons réellement sont celles de dépenser, de baiser et de manger. Le reste est tabou. Asocial, salope, marginal, pédé, pute, drogué, assisté, moche, pauvre, musulman, différent. Détestez la différence ; supprimez-la. 

La pensée humaine est donc au cœur de ce roman et s'il faut en retenir une chose, c'est qu'il faut avoir une opinion personnelle, même s'il est inévitable d'être influencé par la société. Avant de laisser une application dicter sa vie - comme c'est le cas avec l'appli "Parfaite" dans ce roman - il faut réfléchir à ce que l'on fait. Certains des personnages secondaires se rendent compte du contrôle qu'elle peut exercer et choisissent de ne pas rentrer dans le système. Pourtant, la plupart des utilisateurs tombent dans le piège, jusqu'à se laisser opérer du cerveau, séduits par la promesse d'être parfaits.

Un livre que j'ai dévoré, parfait pour l'été, 
qui cache en fait une véritable réflexion !

Hâte de découvrir les deux autres romans de l'auteur...