Ads Top

La dernière nuit du Rais par Yasmina Khadra

De Yasmina Khadra, je ne connaissais aucun texte, mais on m'en avait dit beaucoup de bien - une libraire, notamment, m'avait vanté ce livre. Alors, quand je l'ai eu entre les mains, je me suis lancée. J'ai découvert la pensée d'un dictateur, Mouammar Kadhafi, en proie à la déroute et la déchéance.



Août 2015
216 pages
18 €
ISBN 2-260-02418-1
Résumé de l'éditeur 
« Longtemps j'ai cru incarner une nation et mettre les puissants de ce monde à genoux. J'étais la légende faite homme. Les idoles et les poètes me mangeaient dans la main. Aujourd'hui, je n'ai à léguer à mes héritiers que ce livre qui relate les dernières heures de ma fabuleuse existence. Lequel, du visionnaire tyrannique ou du Bédouin indomptable, l'Histoire retiendra-t-elle ? Pour moi, la question ne se pose même pas puisque l'on n'est que ce que les autres voudraient que l'on soit. » 

On a beau dire le contraire, on juge toujours un livre par sa couverture. En tout cas, moi, je l'avoue, c'est ce que je fais puisque je lis très peu les résumés. Celle de La dernière nuit du Rais m'a particulièrement plu, avec ses couleurs orangées, cette évocation de l'Orient... Je m'attendais à un texte poétique, aussi coloré que sa couverture. Mais c'est avec une impression mitigée que je suis sortie de cette lecture. 

Un roman ?
Volontairement, j'ai choisi de le lire comme une fiction et cela pour plusieurs raisons. D'abord, je n'ai pas assez de connaissances en géopolitique pour comprendre tous les enjeux de ce conflit qui a renversé Khadafi. Ensuite, parce que personne ne peut savoir ce qu'il à pu penser durant ses derniers instants. Et puis, finalement, parce que ce livre prend une plus grande ampleur quand on le lit comme un récit fictionnel : Kadhafi n'est alors plus simplement un homme qui a un jour régné sur la Lybie, mais l'image d'un dictateur parmi d'autre, universel. Alors oui, La dernière nuit est pour moi un roman, celui d'une chute inéluctable.

Un personnage méprisable
Je me doute bien qu'un dictateur ne peut pas être un enfant de cœur, mais est-ce humainement possible d'avoir un ego aussi important ? Jusqu'à la fin, il est persuadé d'être l'élu de Dieu, celui qui mènera son pays vers un destin meilleur. Chacun devrait donc être reconnaissant qu'il prenne la peine de guider son peuple, mais non, on ose se retourner contre lui, sacrilège ! Mais il faut bien avouer que même avec ses plus proches partisans, le dictateur n'est pas un personnage tendre : il exige une fidélité à toute épreuve et un respect absolu - même si lui-même n'en fait pas souvent preuve... 
Un exemple de sa mégalomanie parmi d'autres :

Je suis Mouammar Kadhafi. Cela devrait suffire à garder la foi. Je suis celui par qui le salut arrive. Je ne crains ni les ouragans ni les mutineries. Touchez donc mon cœur ; il cadence déjà la débandade programmée des félons... Dieu est avec moi ! 

Et puis, n'est-il pas un peu fou, ce despote ? (Ceci est une question rhétorique, merci de répondre par l'affirmative). Entre rêves prémonitoires décousus, une Voix qui lui parle et une obsession pour Van Gogh, rien de tout cela ne souligne une santé d'esprit bien vaillante... 

Un livre mémorable ? 
En fait, c'est à mon avis un livre plutôt inégal: plusieurs fois je me suis laissée entraîner par la prose de Y. Khadra. La fuite désespérée de Kadhafi en voiture tout terrain prend sous sa plume des airs de course poursuite hollywoodienne, un délice à lire. Les actions s'enchaînent sans temps morts. Mais à plusieurs reprises aussi je me surprenais à lire sans comprendre, en pensant à tout à fait autre chose... Mon attention divaguait et je ne prenais même pas la peine de relire ce qui avait pu m'échapper, puisque, finalement, je n'avais pas manqué grand chose, le roman étant un huis-clos assez répétitif.


C'est donc avec un avis en demi-teinte que j'ai tourné la dernière page. Me souviendrai-je longtemps de ce récit ? Peu probable. Mais si d'aventure je croise un autre titre de cet auteur, je ne reculerais pas!


Fourni par Blogger.