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Mazie, Sainte patronne des fauché et des assoiffés par Jami Attenberg

Je continue mon voyage au pays de la rentrée littéraire avec un livre de l'américaine Jami Attenberg : Mazie, Sainte patronne des fauchés et des assoiffés - un titre long pour un roman qui tient lui aussi en haleine.


Août 2016
400 pages
21,90 €
EAN 9782365691451


Libre et indépendante, Mazie est une femme du début du XXème siècle qui ne rentre pas dans le moule. Avide d'aventures, électron libre, elle fait jaser mais cela ne l'empêche pas de parcourir les pavés de New York, de profiter de la vie comme elle l'entend. Bientôt cloisonnée à la caisse d'un cinéma, elle observe le monde de l'extérieur et rencontre une religieuse, un flic, un capitaine et surtout une multitude de SDF et de démunis... Des personnes haut en couleurs que l'on découvre au fil du journal intime de la jeune femme et de témoignages de ceux qui l'ont connu, directement ou non. 

Mazie Gordon-Phillips in 1946.
La véritable Mazie
On retrouve le goût de l'auteur pour l'enquête - elle est journaliste après tout - car Mazie Gordon-Philipps a réellement existé. Elle s'inspire d'un article paru dans le New Yorker en décembre 1940 pour réinventer la vie d'une femme qui a laissé peu de traces. Elle imagine ainsi un journal intime pas toujours lisible, retrouvé par hasard. La voix de l'auteur elle-même est présente dans ce jeu littéraire, elle est ce tu à qui s'adressent les témoignages de personnes qui l'aurait connue.



On me demande souvent pourquoi je passe autant de temps dans la rue. La réponse est simple : parce que j’y ai grandi. C’est sale, mais c’est chez moi. Même les impasses les plus sordides du quartier me paraissent belles. Les clochards savent apprécier leur beauté, eux aussi.


Voici une pantomime d'enquête journalistique qui réussit à tromper son monde : le lecteur se laisse volontiers leurrer et embarque dans l'intimité d'une femme à la fois sainte et pécheresse. L'écriture, sensible et juste, nous emporte dans le récit d'une vie incroyable, mais aussi de vies plus discrètes et d'autant plus touchantes. La jeune sœur de Mazie, par exemple, emprunte le réconfort du journal intime de son aînée pour confier ses malheurs, comme le regret de ne pas se souvenir de sa mère.

Le livre s'ouvre et se clôt avec le projet d'écriture d'une autobiographie, commanditée par un éditeur et c'est l'occasion pour Mazie de ressortir son journal. De plus, chaque chapitres commencent par un extrait de l'autobiographie en question, complètement fictive. Un procédé littéraire qui trouve mal sa place à mon sens, le personnage ayant déjà largement l'occasion de parler en son nom à travers le journal. Mais il s'agit bien là de la seule faiblesse d'un roman qui nous entraîne dans les rues et la pauvreté new-yorkaise, sans concession. 

A lire pour découvrir un nouveau visage de l'histoire américaine, pour un ton sensible ou cru, mais toujours honnête.
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