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Prendre les loups pour des chiens par Hervé le Corre


Résumé de l'éditeur
Franck, environ 25 ans, sort de prison après un braquage commis en compagnie de son frère aîné. Il est accueilli par une famille toxique : le père, fourbe, retape des voitures volées pour des collectionneurs, la mère, hostile et pleine d’amertume, la fille Jessica, violente, névrosée, animée de pulsions sexuelles dévorantes et sa fille, la petite Rachel, mutique, solitaire et mystérieuse, qui se livre à ses jeux d’enfant. Nous sommes dans le sud de la Gironde, dans un pays de forêts sombres et denses, avec des milliers de pins qui s’étendent à perte de vue, seulement ponctués par des palombières. Dans la moiteur, la méfiance et le silence, un drame va se jouer entre ces êtres désaxés.



Premier roman d'Hervé Le Corre pour moi, mais ce ne sera pas le dernier : j'ai été séduite par son ambiance, ses personnages complètement ravagés. Franck sort de prison mais ce n'est pas son frère qui vient le chercher : c'est la copine de celui-ci, une jeune femme au tempérament surprenant, hésitant entre l'aphasie et la nymphomanie.

La colère des personnages, écrasés par la chaleur d'une canicule d'été, donne toute son ampleur au roman. Aucun des personnages n'est simple, à commencer par Franck : l'ex-taulard n'est pas un enfant de chœur et pourtant il a ses limites. S'il joue les gros bras, c'est aussi un homme qui ne va pas jusqu'à tuer et qui avoue sa peur devant sa propre mort. Un personnage complexe, ni tout blanc ni tout noir, capable du pire comme du meilleur.  

Mais qui sont donc ces loups qu'on a pris, à tord, pour des chiens ? L'animal domestiqué se révèle sauvage, le danger guette là où on ne l'attend pas. Un roman noir bien serré, étouffant et sans répit. Même dans les moments de creux, la chaleur de l'été accable tout et devient menaçante. Pourtant, un espoir fait son apparition sous les traits d'une enfant quasi muette, Rachel.

Un piège vers lequel tu te précipites en pressentant le piège. Ou un poison délicieux qui fait effet lentement en t'accrochant comme une drogue. Une fleur toxique. Un fauve doux capable de te dépecer à tout moment. Et au milieu, cette gamine quasi muette qui jouait seule et ne pleurait presque jamais même au comble de son chagrin. Même depuis le massacre. Elle ne dit rien, se contente d'être triste et de t'observer à la dérobée ou de poser sur toi un regard songeur, et tu te sens soupesé et jugé par ces grands yeux noirs toujours déçus par la bêtise et la méchanceté des adultes.

Si j'avais deviné la fin depuis longtemps, elle m'a pourtant laissé perplexe. En effet, la conclusion du roman est ouverte et un autre chapitre pourrait très bien la poursuivre. Mais cela ne m'a pas empêché de refermer ce livre sur une bonne impression. L'écriture convoque les sens chez le lecteur : on souffre de la chaleur, de cette indolence qu'elle entraîne. Le réalisme nous entraîne et l'air devient irrespirable. Vraiment, un bon roman.

A lire pour un bon roman noir,

où la violence s'exprime dans la chaleur torride de la Gironde




Editions Rivages
Janvier 2017
320 pages
19,90 €
ISBN 9782743637910

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