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American Psycho par Bret Easton Ellis

American Psycho, Ellis

American Psycho est certainement le livre le plus dérangeant que j'ai pu lire. Je ne sais pas si je dois l'aimer, le détester, continuer ma lecture ou l'abandonner. Je suis vraiment fascinée par ce livre qui me laisse tout sauf indifférente.
En littérature, les auteurs évitent traditionnellement de raconter par le menu les journées types de leur personnages (ce qu'il a pris au petit déjeuner, comment il a fait sa toilette ou bien comment il s'est habillé). Mais voilà, Ellis prend le parti inverse et son narrateur-personnage, M. Bateman, nous dit absolument tout de son quotidien, motivé qu'il est de donner une image flatteuse de lui-même. C'est en parti pour cela qu'une certaine lassitude s'est créée dans ma lecture: rien à faire de toutes ces énumérations et accumulations qui donnent une impression de catalogue.
Cependant, un détail vient bientôt interpeller le lecteur, glissé si discrètement dans cet amoncellement de détails qu'on le rate facilement. Un détail donc, une expression, une phrase qui devient bientôt paragraphe entier et qui nous révèle l'envers du personnage. Patrick Bateman est en fait plus complexe qu'il n'y paraît: riche, branché, play-boy, mais aussi tortionnaire et meurtrier sadique. Le personnage est d'autant plus fascinant qu'il ne fait preuve d'aucune morale, bien au contraire: ce sont ses pulsions et son plaisir qui guident ses actions. Alors, le personnage prend de l'envergure et le style de l'auteur, égal à lui-même, continue les descriptions par le détail des meurtres et autres envies sanguinaires... Des images frappantes, donc, très visuelles, car ne nous est épargné.
Ce qui fait aussi la force du roman, c'est la description d'une couche de la société américaine dans les années 80. On y voit les très riches à côté des très pauvres, une haine pour les homosexuels et le développement du SIDA, des femmes sans jugeotes et attirées par l'argent... C'est une société où ceux qui ont l'argent ont le pouvoir et où, pour se faire accepter, il faut suivre la mode (lieux et personnalités à fréquenter, marques de luxe, etc). Ne demandez donc pas de conversations profondes ou de sens critique de la part de Bateman ou de ses "amis". "Amis" entre guillemets, car si tous se connaissent dans ce cercle, un visage remplace facilement un autre: il arrive fréquemment qu'ils confondent ceux qu'ils rencontrent avec d'autres ou bien qu'ils ne sachent carrément pas à qui ils parlent. Le but est de se montrer, de montrer sa carte de crédit American Express et d'impressionner par son style. 

American Psycho, on aime ou on déteste donc...
Alors qu'il ne me reste qu'une centaine de pages et que je déteste ne pas finir un livre, j'ai mis American Psycho en veille. A voir si je vais le reprendre!


Avril 2005
544 pages
9782264039378
10,20 €


Je suis chez Paul Smith, en train de parler avec Nancy et Charles Hamilton, ainsi que leur petite fille de deux ans, Glenn. Charles porte un costume croisé en lin à quatre boutons, Redaelli, une chemisee Ascot Chang en popeline de coton, une cravate de soie à motifs de Eugenio Venanzi et des mocassins Brooks Brothers. Nancy porte un chemisier de soie à paillettes de nacre, une jupe Valentino en crêpe de soir et des boucles d'oreilles en argent Reena Pachochi. Je porte un costume Louis, en laine, croisé six boutons, à fines rayures, une cravate de soie à motifs, Louis également, et une chemise en osford, Luciano Barbera. Glenn porte un pardessus de soie Armani et une minuscule casquette de base-ball. Tandis que la vendeuse enregistre les achats de Charles, je joue avec le bébé que Nancy tient dans ses bras, lui tendant ma carre American Express Platine qu'il tente d'attraper d'une petite main avide, mais je secoue la tête, prenant une voix haut perchée et lui pince le menton, agitant la carte devant son visage en gazouillant: "Mais oui, je suis un assassin, et je suis un psychopathe, mais oui, tu vois, j'aime bien tuer les gens, oh oui, j'aime bien ça, mon amour, ma petite puce, oh que j'aime ça...".



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